L’auberge retrouvée à Crussol

Ça existerait donc encore, une auberge, en France, au XXIe siècle ? Alors que la deuxième moitié du XXe a mis toute son efficacité consumériste (ouverture de sacs sous-vide, abandon de la passion au profit d’une prétendue efficacité) à savamment les dézinguer sur tout le territoire, en voici une, une vraie, toute neuve, sur la route de vos vacances.

Il faut sortir juste au niveau de Valence, passer le pont qui enjambe le Rhône, pas de visa nécessaire pour rallier l’Ardèche, pousser la caisse en seconde pour affronter cette montée de Crussol. Et déboucher sur un paradis qu’on croyait perdu.

Là, derrière un muret, sous l’ombre des feuillus, des tables à l’ancienne – c’est le ferronnier du coin qui les a ouvragées – attendent les heureux élus. Ils ont su renoncer au combo station essence/Pringles/sandwich triangle/dessert cellophane et s’apprêtent pour le même prix (19€ le déjeuner, 26€ le menu terroir) à goûter la cuisine au feu de bois de Kevin Eyraud.

« Si jamais… »

Kevin est un chef bourlingueur revenu au pays. Avec deux associés (dont l’un est le propriétaire de La Ruche, juste en-dessous, à Saint-Péray), ils ont racheté cette crêperie sans gloire, mis largement la main au chantier. Et voilà l’Auberge à peine sortie de terre. Deux cheminées, braise à tout-va, pour cuire la porchetta (cochon du coin) au feu de bois, griller la truite tout en délicatesse, marquer au rouge la longe de cochon, et fumer savamment les légumes de la ratatouille.

Au dessert, le service – jeune, de première classe – apporte la bouteille de rhum « si jamais » le baba en manquait. Il n’en manque pas. Tout comme la cave, encore réduite mais déjà agile : Fable, du voisin Gilles Azzoni, se boit sur glace et étanche déjà la soif de vacances. Immense coup de cœur pour le lieu, le chef et la cuisine d’une admirable rigueur. LD

Auberge de Crussol
Chemin de Beauregard, quartier de Crussol
07130 Saint Péray
Ouvert 7/7